Paul Meyer et la Mémoire aux alouettes
Synopsis
Un film hommage consacré par Jean-Claude Riga à Paul Meyer et tourné peu de temps avant sa mort.
Tout au long d'un parcours qui le mène entre autres à Marcinelle, là où la catastrophe du Bois du Cazier a tué 262 mineurs en aoùt 1956, ou en Italie, où il lègue son film "Déjà s'envole la fleur maigre" à une association qui garde vive la mémoire des mineurs italiens venus dans les années cinquante travailler en Belgique, Paul Meyer déroule le récit de sa vie de cinéaste et le parcours qu'il a mené pour tenter de faire vivre ses films, afin de perpétuer la mémoire ouvrière. Petit-fils de mineur, né en 1920 dans le Borinage, Paul Meyer se définit lui-même comme "un type qui dit ce qu'il pense plutôt que comme un cinéaste..." Paul Meyer est cependant considéré comme l'un des pères du cinéma wallon. Ceci dit, ses films ont eu beaucoup affaire à la censure. En 1956, c'est " Klinkaart ", une commande (détournée) de la télévision flamande (N.I.R) où apparaissent les choix esthétiques de Meyer influencés les précieux conseils de l'opérateur Willy Kurant et la lecture d'Eisenstein. L'espace filmique y est céleste, majestueux dans l'ouverture de la fiction au traitement documentaire des lieux, des hommes et des gestes du travail. Le film, qui dénonce le droit de cuissage exercé par le patron d'une briqueterie sur ses jeunes ouvrières, est censuré au festival d'Anvers. Trois ans plus tard c'est son premier long métrage, " Déjà s'envole la fleur maigre "; film-météore qui préfigure la Nouvelle vague. Le film (au départ une commande du Ministère de l'Instruction publique pour un court métrage qui montrerait l'intégration des enfants immigrés dans le Borinage) est retiré de l'affiche à Bruxelles malgré son succès et la reconnaissance par les cinéastes italiens (Rossellini, Antonioni, Visconti, De Sica, De Santis entre autres). Meyer est ensuite condamné à rembourser les deniers alloués par le Ministère belge pour l'écriture du scénario.
En 1961, Meyer entre à la RTB et tourne plusieurs séries de reportages, notamment "Le Pain quotidien", celui des travailleurs immigrés des mines, de la sidérurgie. Une odeur de soufre continue de suivre le travail du réalisateur, qui trouve enfin son public, à la télé, dans une Wallonie en régression économique.
En 1994, " Déjà s'envole la fleur maigre ", est redécouvert en France où il fait l'unanimité de la critique. Meyer entame alors, à l'âge de 80 ans, la réalisation d'un second long métrage, " La Mémoire aux Alouettes ", réflexion sur la " fragilité de la mémoire et sur l'usage de la fragilité de la mémoire comme instrument du pouvoir... " (Paul Meyer). Les aléas de la production ne permettront pas à " La Mémoire aux Alouettes " de voir le jour. En septembre 2007, Paul Meyer meurt, le tournage reste inachevé après cinq années de vaines recherches de fonds pour finaliser son projet. "Si tous les pauvres avaient leur mémoire et si cette mémoire était transmise de père en fils, il n'y aurait plus de pauvres" nous dit Guiseppe Di Biase, un des personnages du film inachevé.
Jean-Claude Riga
Durée :60
GenreDocumentaire
NumériséOui
Numéro uniqueAVC-CIN-D0403 AVC-CCA-934