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Historique

Un peu d'histoire...

Au début du 20e siècle, la Belgique a déjà à son actif nombre de films réalisés sur son sol. Malgré la qualité de certaines de ces productions, il faudra attendre les années 1930 pour que, sous l’impulsion du corps professoral séduit par l’enseignement par l’image, le Ministère de l’Instruction Publique ne marque son intérêt pour la jeune industrie du cinéma.

Le Ministère s’y impliquera alors de diverses manières notamment en créant deux commissions ayant pour réflexion la place du cinéma dans l’éducation[1]. À partir de 1939 débuta une initiative gouvernementale de constitution d’une filmothèque avec pour objectif une mise à disposition des écoles de documents audiovisuels. L’arrivée de la guerre mettra un frein à l’activité cinématographique belge et par conséquent au projet du Ministère.

Il fut interdit aux cinéastes de réaliser des longs métrages et les documentaires autorisés étaient régulés par l’occupant. À dater de 1941, les films éducatifs furent contrôlés. En septembre 1942, la destruction des vieux films afin de récupérer les sels d’argent dont ils étaient constitués devint obligatoire. Un grand nombre de films fut donc détruit ou volé durant la période d’occupation. Au Ministère de l’Instruction Publique, on parvint tout de même à sauver 2000 bobines.

[1] Numéro spécial de « Reflets » consacré au cinéma belge, avril 1940, 52 p.

Au début de l’année 1946, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, l’idée de rassembler un catalogue de films à portée pédagogique demeure. Le Ministère de l'Instruction publique crée un service de cinématographie en son sein : la Cinémathèque est née !

A ses prémices, le service possède une collection de 750 films provenant de la firme française Continental, de la société belge Inbel et majoritairement de firmes allemandes UFA et Bavaria-Film und Bild mises sous séquestre à la libération.

La première tâche de la Cinémathèque est de proposer aux enseignants belges des supports audiovisuels pour illustrer leurs cours. Mais très vite, elle s’intéresse au film documentaire spécialisé, aux films d’art et sur l’art, aux films folkloriques et scientifiques ou de vulgarisation scientifique. C’est ainsi que des dizaines de films sont produits chaque année à partir de 1947 par et pour le service, favorisant ainsi l’essor cinématographique national. D’autres sont achetés pour répondre à des besoins spécifiques. Parmi ces premières commandes effectuées par le Ministère, on notera le film « Rubens » réalisé par Paul Haesaerts et Henri Storck qui sera récompensé par la médaille d’or à Venise en 1948.

En juin 1947, un incendie se déclara dans le dépôt de films cinématographiques situé au sous-sol du Ministère de l’Instruction Publique alors établi Chaussée de Louvain à Bruxelles. Le feu, parti d’une bobine en nitrate, se propagea rapidement via les cages d’ascenseurs aux étages du bâtiment qui abritait quelques 400 employés. Le sinistre provoqua la mort de 18 personnes. Une quarantaine de personnes furent également blessées.

Plusieurs milliers de films seront détruits dans l’incendie parmi lesquels une importante quantité de productions de propagande hitlérienne, dont certaines séquences devaient servir de preuves dans les procès intentés aux personnes suspectées de collaboration. L'ensemble aurait été précieux plus tard pour les historiens, néanmoins, 350 films seront tout de même sauvés.

A partir des années 50, les commandes effectuées par le Ministère auprès de cinéastes belges se multiplient. Parmi eux, on citera Charles Dekeukeleire, Paul Haesaerts, Gérard De Boe ou encore André Cauvin. Le service financera d’ailleurs en 1965 un film exceptionnel, Chromophobia, satire du conformisme et de la dictature. Son réalisateur, Raoul Servais, recueillera grâce à ce film une douzaine de prix dans de nombreux festivals dont le « San Marco Lion », Premier Prix du court-métrage au prestigieux Festival International de Venise en 1966. Le film de Luc de Heusch, Magritte ou la leçon de choses, portrait de l’artiste avant sa reconnaissance mondiale, sera également co-produit avec la télévision belge.

Outre ces films de commande, quantité d’œuvres relevant des arts plastiques, de l'ethnographie, de la sociologie, du folklore, du tourisme doivent leur existence à l’intervention du service. Ces films à vocation didactique ont été réalisés par des cinéastes belges, exerçant entre autre leur talent pour la télévision, tels Gaston Vernaillen (La terre tourne-t-elle?, Poids et mesure), Pierre Levie (L'anabase de Xénophon), Jean Brismée (Le théorème de Pythagore, Monsieur Plateau), Marcel Thonnon (Au cœur de l'hiver).

En 1969, le service cinématographique devient le « Service des auxiliaires de l’Enseignement » qui se voit confier les missions suivantes :

  • Prêter des documents audiovisuels aux établissements scolaires de tous les réseaux, ainsi qu'aux associations sociales et culturelles et aux mouvements de jeunesse et d'éducation permanente;
  • Acheter du matériel audiovisuel en vue de compléter l'équipement des établissements scolaires de l'Etat;
  • Promouvoir, dans les établissements scolaires de l'Etat, l'utilisation des moyens audiovisuels (initiation aux techniques audiovisuelles).

Jusqu'à la fin des années 80, le service co-produit avec la RTB de nombreuses émissions de télévision scolaire, diffusées en journée à l'intention des élèves de l'enseignement primaire et secondaire. En parallèle, des programmes pour répondre à des demandes spécifiques des enseignants sont réalisés. Le nom de Cinémathèque de la Communauté française sera enfin établi en 1985.

Dès le début de l’année 2000, des premiers travaux de préservation et de numérisation des collections sont entrepris. La Cinémathèque s'inscrit dans le Plan de Préservation et d'Exploitation des Patrimoines (plan PEP’s), mis en œuvre depuis octobre 2007 par le Gouvernement de la Communauté française. La numérisation permet d’assurer tant la pérennité des collections que d'en garantir l'accès à long terme.

  • La priorité est donnée aux films sur lesquels la Cinémathèque dispose de droits en tant que producteur ou coproducteur.
  • La seconde priorité concerne les films dont l’état de dégradation nécessite une préservation numérique, pour autant qu’une copie qualitative puisse être effectuée.

A partir de 2009, la Cinémathèque a entamé la numérisation, à des fins de conservation, des films belges contemporains et, à ce stade, essentiellement des films documentaires, ainsi que l’ensemble des films soutenus par la Commission de sélection des films.

Depuis 2009, la Cinémathèque a également pour vocation de mettre en avant les noms qui font le cinéma belge contemporain. Le développement de ce lien avec le cinéma de notre temps s’est concrétisé notamment au travers de la collection Cinéastes d’aujourd’hui. Chaque titre de la collection dresse le portrait d’un cinéaste belge en activité. Le dialogue entre réalisateur et spectateur est initié à l’aide du regard d’un autre réalisateur. Qui de mieux pour nous parler d’un cinéaste qu’un autre cinéaste ?

La volonté de la Cinémathèque de mise en évidence du cinéma belge revêt diverses formes. Au-delà de sa fonction patrimoniale et de la collection Cinéastes d’aujourd’hui, elle participe à de nombreuses initiatives de promotion et de production de films. Ainsi, la Cinémathèque a, entre autres, initié l’édition de DVD de l’œuvre d’Henri Storck, en collaboration avec la CINEMATEK et le Fonds Henri Storck. Elle organise également régulièrement des projections ou prend part à des projets documentaires en partenariat avec des lieux culturels en Région wallonne ou bruxelloise.

Avec le lancement de la LaPlateforme.be en 2011, initiative conjointe avec le Centre du Cinéma et PointCulture, une nouvelle vitrine de promotion des films de la Fédération Wallonie-Bruxelles sur le net permet aux enseignants et aux opérateurs culturels d’accéder directement à une offre, qui ne cesse de croitre, de documentaires belges, et depuis quelques années, de films de fiction également.

Cette offre, désormais plus numérique que physique, permet de poursuivre avec les moyens et usages d’aujourd’hui, la mission première de prêt aux enseignants et opérateurs culturels de la Cinémathèque.