L'homme de sable


Synopsis


En 40 ans de carrière déjà, avec une filmographie riche, Thierry Michel semble être un réalisateur insatiable. Dégager en un film les lignes de force de ce travail d’une vie tient du défi. José-Luis Peñafuerte le relève avec brio, et signe un portrait organique et intimiste.

L’inspiration du cinéaste prend sa source en Wallonie, dans la Belgique des années  60, à l’heure des luttes sociales et des combats syndicaux. En tant qu’assistant de Paul Meyer d’abord, puis derrière sa propre caméra, Thierry se découvre une âme de militant et réalise ses premiers films, dont le très combatif  Hiver 60.

Puis vient l’envie de partir. De s’évader. De découvrir l’Ailleurs, dont la porte sera le Maghreb. Avec Issue de secours, le héros principal, en quelque sorte le double de Thierry Michel, cherche à donner un sens à son existence, confronté à l’espace infini du désert.

Très vite Thierry se retrouvera ailleurs, au Brésil ou il filme la misère des gosses de rue, en Iran ou il capte les prémisses d’une jeunesse en manque de repères…

Mais plusieurs fois au long de sa carrière, de façon obsessionnelle, il reviendra sur le continent africain, et principalement au Congo/Zaïre. Comme ont été créés jadis les terrils du pays noir de Charleroi ou ceux du Katanga aujourd’hui, il extrait du sous-sol les vérités qui mettent à mal les machines dictatoriales.

Un travail indissociable de la prise de risque lui vaudra plusieurs arrestations, et une expulsion à deux reprises, et du Zaïre et du Congo.

A posteriori, ses nombreux films dans ce pays où les archives audiovisuelles sont soit délaissées, soit biaisées, soit inexistantes, offrent une alternative pour une mémoire collective.

Cependant, José-Luis n’hésite pas à poser, avec Thierry, ce constat quelque peu amer : le désir de changement à travers le cinéma n’impacte la population locale, la Belgique et la Communauté internationale que de façon relative.

Mais l’envie de filmer reste intacte : son regard incisif, et son corps-caméra ne cessent de chercher de nouveaux territoires.

Et plus les images sont fortes, plus José-Luis Peñafuerte nous fait découvrir les fêlures d’un homme confronté au réel, hanté à tout jamais par les images capturées.

La fin du film nous amène sur les lieux de tournage d’Issue de Secours, dans les dédales du désert marocain. Thierry se souvient, évoque ce long chemin parcouru, et la nécessaire question de la transmission, du passage de témoin… entre ombre et lumière, dans le silence et la poussière, il revêt son costume « d’homme de sable » …

 

Sur le film

L’homme de sable évoque une certaine étrangeté, un mystère. Le sable est impalpable et chaleureux.

Cet aspect riche et éphémère du sable me touche et je le retrouve dans le travail des cinéastes. Car, en définitive, chaque film constitue un élément de mémoire : à la fois éphémère et éternel, il est à l’image de la société au moment où il a été réalisé.

Ce titre du film évoque le parcours de Thierry Michel, et notamment son film le plus intime, le plus organique et le plus singulier: Issue de secours. Pour cette raison, il se termine par des scènes tournées au Maroc. Tata, dans le désert marocain, est un lieu chargé d’émotion pour Thierry, l’endroit où il souhaiterait que ses cendres soient dispersées.

Un élément fondateur du film, c’est l’expulsion de Thierry du Congo. Je n’ai pas pu le filmer sur son territoire de cœur. Mais, il était toujours là, présent. Le cinéaste dans l’impossibilité de se rendre dans le pays qu’il a fait sien, c’est une image très forte et un enjeu supplémentaire dans son histoire.

Néanmoins, c’était essentiel de pouvoir projeter L’affaire Chebeya, un crime d’état? face à une salle vide. Le film est toujours interdit au Congo et ceux qui voudraient le diffuser risquent des représailles. J’ai découvert l’église où l’avant-première devait avoir lieu et j’ai pu capter ce lieu silencieux, cette absence du cinéaste face à son public. Pour cette raison, l’équipe a du faire ce tournage dans la semi clandestinité. Il y avait deux feuilles de route : la A, officielle, fournie aux autorités, et la B, la réelle. La discrétion totale était de mise, le but de notre travail ne pouvait être connu, sinon nous risquions été expulsés ou incarcérés à notre tour.

Dans le film, j’ai construit un récit qui donne à voir l’homme, au-delà de l’œuvre. Il montre l’être face à lui-même, face à son passé. Une manière de boucler son parcours en tant que cinéaste et être humain. Et, au final, si je retiens une image du film, c’est le regard rêveur de Thierry Michel. Adolescent, il prend son vélo, sort de la maison familiale, (séquence dans les bonus du dvd), fait ses premières photos et développe ses premières images. Tout démarre de là. Et il a ce regard enthousiaste, présent tout au long du film, même quand il aborde les moments difficiles de sa carrière.

 

Filiation et regard

Nos cinémas ont divers points en commun.

Avant tout, il y a des référents que nous partageons : des cinéastes tels que Robert BressonPaul Meyer, évidemment, Joris IvensHenri StorckChris Marker. Des artistes qui, comme nous, sont dans l’engagement, qui défendent un cinéma sensible au destin humain, broyé ou en difficulté face à une oppression politique, économique, sociale. C’est pourquoi nous nous retrouvons également dans ces thématiques : la mémoire, l’engagement politique et la dénonciation des violations des libertés individuelles.

Mais, surtout, l’Espagne a un rôle important dans nos parcours respectifs. Pour ma part, c’est principalement lié à mon histoire familiale. Pour Thierry, comme c’est évoqué dans le film, ça sera la rencontre de ces enfants, du même âge que lui, dans la misère la plus totale, qui mènera à la rupture avec la religion catholique. Et surtout, indirectement, inconsciemment, c’est ce qui l’inspirera à réaliser des années plus tard Gosses de Rio. C’est également en Espagne qu’il a fait la rencontre avec le monde du cinéma : à l’occasion de vacances à Pampelune, il croisera Orson Welles en plein tournage. Et il en restera imprégné …

Thierry Michel et moi, nous partageons également cette passion de l’Ailleurs. Nos filmographies nous ont emmenés au-delà des frontières, car, en définitive, on raconte ce qui nous représente, ce que l’on est, ce qu’on connaît, ce qui nous touche et qui nous vient naturellement. Notre propre histoire.

Lorsqu’on filme l’Ailleurs, dans mon cas c’est l’Espagne et en partie le Mexique, c’est aussi parce qu’il y a un réel attachement personnel et politique envers ces lieux. Et c’est un sentiment partagé par Thierry et moi. Quand il filme au Congo, c’est chez lui. Avec le cinéma, non seulement on agrandit sa famille, mais aussi on agrandit son territoire. Bien sur, on n’y vit pas, mais ces lieux continueront à nous habiter. Filmer l’Ailleurs, c’est aussi créer une attache culturelle avec un territoire qui peut nous paraitre lointain, à tort. Les sentiments, les souffrances n’ont pas de frontières.

Le sentiment qui me vient, lorsque je pense à la filmographie de Thierry Michel, c’est qu’il arrive à démêler le faux du vrai. Il a cette faculté à déshabiller les faux semblants, les faussaires, les despotes et à jouer avec eux. Dévoiler cette grande et triste comédie humaine. C’est là aussi tout l’art de son travail : donner et transmettre l’invisible.

Parler d’un autre cinéaste, d’une personne qui partage la même passion, les mêmes référents que moi, tout en regardant le réel d’une manière différente, est un exercice difficile. La complexité a été de pouvoir restituer en une heure son histoire, son parcours cinématographique assez conséquent (plus de 20 films), tout en filmant avec mon propre point de vue. Et surtout, raconter l’homme. Car à travers l’homme, on peut découvrir l’œuvre. Tout un jeu d’équilibre.

 

Une leçon de cinéma

J’aime le cinéma qui raconte des histoires, qui relate des réalités sociales, politiques, mais qui reflète par le réel ou de façon métaphorique le monde dans lequel on vit.

Selon moi, il n’y a donc pas de frontière entre documentaire et fiction. Il y a des thèmes qui doivent et ne peuvent que s’aborder par le documentaire, parce que la réalité est plus forte que la fiction. Les acteurs ne pourraient pas jouer cette réalité. Ils devraient passer des mois avec les protagonistes pour pouvoir juste recopier leurs gestes. On ne peut pas négocier le réel. On peut le monter, l’interpréter avec objectivité et éthique, mais on ne peut pas lui mentir.

Au-delà de l’histoire, il y a un aspect qui est propre au documentaire : le positionnement. Où va-t-on être ? Non seulement physiquement mais aussi intimement, personnellement. Et c’est là que réside la grande différence entre le documentaire et le reportage journalistique.

Finalement, la grande leçon de cinéma dans ce film et dans la collection Cinéastes d’aujourd’hui, c’est l’homme derrière le cinéaste. En faisant mon métier,  j’ai appris à ne pas rejeter mon passé, à l’apprivoiser. On est tous marqués par nos racines. Je crois très fort aux parcours personnels, au fait qu’un film en amène à un autre. Chaque parcours est naturel et propre à chaque cinéaste. C’était donc important pour moi de raconter dans ce documentaire que derrière une filmographie, se reflète une histoire personnelle.

Pourquoi devient-on cinéaste ? Pourquoi décide-t-on de raconter des histoires sur un thème bien précis? Pourquoi décide-t-on de faire du cinéma sur le réel ?
La seule réponse, elle se trouve dans l’être humain, son vécu, ses influences, ses rencontres.

José-Luis Peñafuerte

 

Le réel et la mémoire

Une évidence : il n’est pas toujours aisé de mesurer l’importance et la place de la Mémoire dans le cinéma documentaire. Et s’il est parfois bien difficile d’expliquer les liens qui les unissent, c’est sans doute à cause de leur antagonisme apparent.

Ce n’est sans doute pas un hasard si le cinéma documentaire est souvent appelé « cinéma vérité ». Et si à bien des égards d’ailleurs, il dépasse l’intention pédagogique du reportage et de la simple retranscription des faits, sa fonction véritable est bien d’interroger le réel en utilisant un langage spécifique.

Comment mieux qualifier le travail et la démarche de José-Luis Peñafuerte dans ce nouveau film consacré à Thierry Michel, cet homme de sable infatigable et opiniâtre à transmettre des réalités qui dérangent comme autant de clés pour comprendre le monde … notre monde. En 40 ans de cinéma engagé et militant, de la Wallonie au Congo en passant par le Maghreb et le Brésil, Thierry Michel n’a jamais hésité à dénoncer l’inacceptable des dictatures et des régimes qui fondent leur légitimité sur la peur, la haine, la violence et les exclusions de toutes sortes … quitte à prendre des risques et à s’exposer. Car il en faut du courage pour oser dire non, pour résister et pour porter un regard critique sur certains faits.

Alors comment passer du réel à la Mémoire ?

On dit souvent qu’il n’y a pas d’avenir sans Mémoire. Que serions-nous si nous n’appartenions pas d’abord à notre passé ? Comment pourrions-nous exister sans la possibilité de nous regarder dans le miroir de l’Histoire ?

A l’évidence, il y a de multiples chemins pour effectuer cet indispensable retour aux sources. Le cinéma en général et le genre documentaire en particulier en sont une parfaite illustration. Car en confrontant notre regard au présent, il nous invite inévitablement à  nous souvenir et nous ramène sur les traces d’un passé qui a profondément marqué notre conscience humaine. Malheureusement, affirmer cette interaction ne garantit rien ! Il en va de la Mémoire comme du récit documentaire : le résultat n’est jamais acquis ! Ce constat permet de mesurer le chemin qui reste à parcourir. C’est aussi dans cette impossibilité que le présent rejoint le passé.

« La mémoire est la sentinelle de l’esprit ! » (W. Shakespeare)

Philippe Marchal

ASBL « Les Territoires de la Mémoire », Centre d’Éducation à la Résistance et à la Citoyenneté

 

Fiche technique

Réalisateur : José-Luis Peñafuerte
Scénario : José-Luis Peñafuerte et Luc Jabon
Image : Rémon Fromont, avec Géraud Vandendriessche
Son : Jean-Luc Fichefet
Montage : Michèle Maquet
Producteurs : Francis Dujardin (Cinémathèque de la Fédération Wallonie-Bruxelles)
Christine Pireaux (Les Films de la Passerelle)

Une coproduction : Cinémathèque de la Fédération Wallonie-BruxellesLes Films de la PasserelleRTBF Secteur DocumentaireWallonie Image ProductionLoterie NationaleTax Shelter Liege AirportCiné +

Avec le soutien de Madame Fadila Lanaan, Ministre de la Culture, de l’Audiovisuel, de la Santé et de l’Egalité des chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Le réalisateur : José-Luis Peñafuerte

Né à Bruxelles, de nationalité belge et espagnole, José-Luis Peñafuerte a passé son enfance à Bruxelles. Dans les années 80, il suit ses parents exilés politiques qui retournent en Espagne, leur terre natale, avant de regagner à nouveau la Belgique des années plus tard. Au début des années 90, il collabore étroitement à la création du premier festival de cinéma hispanique de Bruxelles. En 1993, il entre à l’IAD (école belge de cinéma), en section réalisation cinéma et documentaire, où il réalisera plusieurs courts métrages de fictions et de documentaires. En 2001, José-Luis présente son premier long métrage documentaire, Niños, qui retrace l’exil forcé et oublié des orphelins de la guerre civile espagnole. Le film sera sélectionné dans divers festivals internationaux et diffusé par plusieurs télévisions européennes avec un succès. Son deuxième film, Aguaviva (2005), s’intéresse à la question de l’immigration, à travers le cas d’un petit village espagnol vieillissant et déserté qui fait appel à des étrangers pour se repeupler et revivre. En 2007, le Ministère de la Culture espagnol lui confie la récupération d’archives et de témoignages filmés des derniers exilés politiques espagnols vivant en Belgique. L’année suivante, il fonde à Bruxelles le collectif « Les Sentiers de la Mémoire » qui a pour but de préserver et de promouvoir la mémoire de l’exil espagnol en Belgique. Avec son premier long métrage documentaire, Les Chemins de la Mémoire (2010), José-Luis Peñafuerte réalise le premier film qui dévoile les crimes commis durant les quarante années de dictature franquiste en Espagne. Le film sortira avec succès dans les salles de cinéma de plusieurs pays européens, et il sera récompensé de divers prix internationaux comme le prix CMCA du meilleur documentaire méditerranéen de l’année, le Magritte du meilleur documentaire belge, ainsi que le Prix Condorcet-Aron pour la démocratie. En 2011, il sera nommé membre d’honneur de l’Institut Cervantes de Belgique. Actuellement, il prépare l’adaptation cinématographique du roman Le Grand Voyage de l’auteur franco-espagnol Jorge Semprun, bestseller des éditions Gallimard.

 

Thierry Michel 

Cinéaste, photographe, enseignant et journaliste, Thierry Michel dénonce les détresses et les révoltes du monde, mêlant parfois fiction et réalité.

Thierry Michel est né en 1952 à Charleroi en Belgique dans une région industrielle surnommée le « pays noir ». A 16 ans il engage des études de cinéma à l’Institut des arts de diffusion, à Bruxelles. Il y vit les derniers bruissements de mai 68 et l’agitation étudiante, prélude à un engagement politique, dans les engrenages militants et lyriques de l’époque. Au bassin minier et sidérurgique de son enfance, il réalise ses premiers films documentaires Pays Noir, Pays Rouge et Chronique des saisons d’hiver. Il y réalise également son premier long métrage de fiction Hiver 60 qui raconte la grande grève insurrectionnelle belge de 1960.

Peu après, alternant documentaires et fiction, il entre une caméra poignante et complice dans les murs d’une prison pour son film Hôtel particulier, un hymne à la liberté au cœur de l’enfermement. Ensuite, après ces années d’une quête d’identité et d’enracinement régional et politique, Thierry Michel part vers d’autres continents à la recherche d’autres solidarités, d’autres utopies. Dans ce Maroc profond qui l’a toujours attiré, il réalise son deuxième long métrage de fiction Issue de Secours, une œuvre poétique et mystique au cœur du désert.

A la fin des années 80, il opère un retour au réel avec un aspect bouleversant du Brésil : les gosses de rue et des favelas (bidonvilles) qu’expriment les émouvants Gosses de Rio et A fleur de Terre. Il y découvre la culture noire, cette culture qu’il va approfondir au Zaïre avec son célèbre et plusieurs fois primé Zaïre, le cycle du Serpent, un portrait impitoyable de la Nomenklatura et des laissés pour compte de la société zaïroise.

Bref retour au pays, il y filme un ministre déchu au cœur d’un scandale politico-policier qui ébranle profondément la Belgique La Grâce perdue d’Alain Van Der Biest avant de reprendre son sac à dos et d’aller interroger le bien-fondé de la charité armée internationale avec Somalie, l’Humanitaire s’en va-t-en guerre.

Quelques mois plus tard, il repart au Zaïre pour y réaliser un film sur l’héritage colonial et la présence blanche dans ce pays après 35 ans d’indépendance, Les Derniers Colons. Quelques jours après son arrivée, il est arrêté, incarcéré et expulsé du pays. Son matériel saisi, il termine son film grâce à ses archives personnelles et aux images tournées lors des repérages. Il réalise un documentaire sur le rapport historique entre Zaïrois et colons blancs durant ces 35 années d’indépendance du Congo/Zaïre, Nostalgie post-coloniale.

Après quoi, il repart pour l’Afrique réaliser une œuvre majeure Donka, radioscopie d’un hôpital africain.  Ce tragique portrait humaniste et sans concession de l’hôpital de Conakry en Guinée obtiendra les plus grandes distinctions tant en Europe qu’aux Etats-Unis. Toujours entraîné dans le sillage de l’Afrique, Thierry Michel engage, après la chute du dictateur Zaïrois, la réalisation d’un documentaire historique qui n’est pas sans rappeler les grandes tragédies shakespeariennes : Mobutu, Roi du Zaïre.

Il découvre ensuite la République Islamique d’Iran, dans l’un des berceaux de l’islamisme intégriste et y réalise Iran, sous le voile des apparences. L’œil du cinéaste y capte la ferveur religieuse des uns qui contraste si violemment avec le désir de liberté des autres.

Thierry Michel remonte ensuite le fleuve Congo et voyage à nouveau dans l’histoire, la mémoire et le destin de l’Afrique. Cheminement personnel vers la source et les origines de ce pays, il continue avec Congo River sa quête de lumière et de ténèbres, porté par le désir de remonter dans le mystère et les profondeurs de sa forêt équatoriale et de son fleuve majestueux.

Ce sera ensuite une plongée dans les mines africaines au cœur des multinationales avec son film Katanga Business. Une parabole sur la mondialisation qui prend la forme d’un thriller économico-politique sur fond de violence sociale.

En 2010, Floribert Chebeya, militant congolais des Droits de l’Homme internationalement reconnu, est assassiné par la police. Sous la  pression internationale,  le procès débute 5 mois plus tard. Thierry Michel a filmé ce procès où des officiers militaires jugent des chefs de la police. Bien au delà de la RDC et d’un cas particulier, L’affaire Chebeya, un crime d’état ? pose des questions universelles sur la défense des droits humains. Tragi-comédie politique, ce film est à la fois la chronique d’un procès exceptionnel et un passionnant thriller politique. Alors que le cinéaste était sur le point de présenter le film à la population congolaise, il est à nouveau expulsé et interdit de territoire.

Cela ne l’empêchera de continuer d’évoquer le Congo et de signer le portrait L’irrésistible ascension de Moïse Katumbi. Richissime homme d’affaires de la province africaine pourvue en minerais précieux, ce personnage haut en couleur est non seulement le gouverneur de cette région mais aussi le président du célèbre club de football « le Tout puissant Mazembe ». Médias, sport, politique et affaires, tel est le cocktail proposé par ce nouveau Messie africain.

Insatiable de curiosité, Thierry Michel n’arrête pas depuis plus de 40 ans de filmer les visages qui peuplent la « réalité sublimée » de sa caméra à travers le monde.

Thierry Michel est aujourd’hui professeur. Il enseigne le cinéma à l’Institut des Arts de Diffusion et l’Université de Liège en Belgique et dirige de nombreux séminaires sur l’écriture et la réalisation de films documentaires de par le monde.

Filmographie complète : www.passerelle.be