Aller au contenu principal

Lettre à un jeune cinéaste : Ken Loach

Synopsis

 La Lettre ouverte de … Ken Loach

« Je n’ai pas eu de révélation du genre « Voilà ce que j’ai toujours voulu faire » en regardant un film. »

1967 : alors âgé de 31 ans, Ken Loach signe son premier film pour le cinéma, Pas de larme pour Joy (Poor Cow). Un coup de maître, mais pas un coup d’essai, car, après avoir connu quelques succès dans la mise en scène de théâtre, le réalisateur est entré à la BBC où ses téléfilms, comme Cathy come home, sont remarqués pour des qualités qui seront désormais la marque de fabrique du cinéaste : l’alliance réussie de la narration et de la chronique sociale, de la dramatisation et de la dénonciation.

Le parcours de Ken Loach vers le cinéma relève moins de la vocation originelle que des hasards des premiers pas d’une carrière placée quoi qu’il en soit sous le signe du spectacle : « J’étais metteur en scène de théâtre, raconte Loach, et j’ai décroché un boulot à la télé. Ce fut donc progressif. Je savais plus ou moins ce qu’était un réalisateur pour en avoir côtoyé quelques-uns, dont la plupart n’étaient franchement pas terribles, et pour avoir moi-même fait un ou deux trucs, pas terribles non plus. » Nous reviendrons avec le cinéaste sur ce passage entre spectacle vivant et télévision puis cinéma. Il nous montrera notamment comment il s’est peu à peu libéré des contraintes techniques en les domestiquant : « « A mes débuts, je faisais ce que les cadreurs me disaient de faire car s’ils savaient comment faire fonctionner la caméra, je n’en avais pas la moindre idée… ».

Ken Loach accorde au scénario, à l’histoire qu’il veut raconter une place essentielle. Nous reviendrons avec lui sur cette étape première qu’il partage en général avec un coscénariste, véritable partenaire d’écriture : « Au moment où nous sommes en train de préparer le tournage, raconte-t-il, le scénariste et moi-même avons déjà étudié, scruté, testé, chaque ligne du scénario. Quelle est l’histoire ? Vaut-elle la peine d’être racontée ? A-t-t-elle des implications au-delà de l’histoire ? Nous passons tout au peigne fin et vérifions chaque scène. ». En prolongement de cette méthode, Loach ne montre le scénario aux acteurs qu’au fil du tournage, lesquels ignorent comment le film se termine.
Tout entier préoccupé par ce que le film doit montrer et par les émotions qu’il doit véhiculer, le cinéaste insiste sur sont rapport avec les acteurs : « Les acteurs doivent se concentrer exclusivement sur leurs partenaires et sur eux-mêmes et oublier le matériel qui les entoure ».

Une séquence finale, véritable fil rouge de la série documentaire, permettra à Ken Loach de donner face caméra ses « 5 conseils à un jeune cinéaste ».

Pas de larme pour Joy (Poor Cow)
Grande Bretagne -1968
Scénario et dialogues : Ken Loach, Nell Dunn, d’après Nell Dunn
Réalisation : Ken Loach - Photo : Bryan Probyn - Musique : Donovan
Avec : Carol White, Terence Stamp, John Bidon
Couleur, 104 min.
Joy est mariée à un voleur de petite envergure, Tom, dont elle a un enfant. Lors d’un séjour de son mari en prison, elle rencontre Dave avec lequel elle connaît quelques jours de bonheur. Mais Dave est arrêté…

Note d’intention générale de la série "Lettre à un jeune cinéaste"

Comment commencer une carrière de cinéaste et comment commencer un film ? Ces questions, tous les cinéastes en herbe se la posent et tous les grands réalisateurs d’aujourd’hui ont dû les résoudre. À travers huit entretiens avec de grands cinéastes européens, cette série documentaire souhaite remonter aux origines : la première histoire, le premier scénario, le premier film, la première séquence. En acceptant de se raconter, les cinéastes confirmés donneront une formidable leçon de cinéma à ceux qui débutent et plus largement à tous les cinéphiles. Huit lettres ouvertes, huit façons d’aborder le cinématographe, huit rencontres exceptionnelles.

Alors que les institutions européennes d’aide à la création cinématographique s’interrogent sur les moyens de former les cinéastes de demain, il est essentiel de donner la parole à ces réalisateurs talentueux qui font le succès du cinéma européen. Lars von Trier, Wim Wenders, Luc et Jean-Pierre Dardenne, Patrice Chéreau, Michael Haneke, Emanuele Crialese, Ken Loach et Cedric Kahn. De l’Europe du Nord à celle du Sud, du cinéma intimiste au cinéma engagé, cette palette de talents et de personnalités hors norme est la promesse d’entretiens riches et féconds.

« Décadence anglaise, chameaux pleureurs allemands, humour belge irrévérencieux, cannibales danois hilarants, transsexuels français, metteurs en scène espagnols intellos, cinéma italien émouvant, mais aussi lumière magique des Pays-Bas… ». C’est ainsi que Dominique Janne, directeur du Festival du Film européen de Bruxelles, s’exprimait au sujet de la sélection 2004. Cette diversité européenne de bon aloi, on la retrouve dans la floraison des écoles de cinéma à travers toute l’Europe : de la « Scuola Nazionale di Cinema » de Rome à la « Hochschule für Fernsehen und Film » de Munich, en passant par l’ « Escuela de Cinematografia y del Audiovisuel » de Madrid ou la « Filmova a televizni fakulta akademi » de Prague. Une situation européenne qui faisait récemment dire à Viviane Reding, Commissaire européen à la Culture et à l’Audiovisuel depuis 1999 : « Ce qui est important pour les étudiants du cinéma d’aujourd’hui, c’est qu’ils aient une mobilité. Une mobilité physique : aller d’un pays à l’autre auprès de grands cinéastes pour apprendre le meilleur de leur métier. Mais aussi la mobilité dans leur esprit pour qu’ils s’ouvrent aux autres, pour qu’ils puissent les comprendre et avoir des cursus communs. ». Notre série documentaire en allant à la rencontre de huit cinéastes européens reconnus se place dans cette double perspective d’une Europe du cinéma à la fois mobile et à l’écoute des autres cinématographies. Qu’ils aient ou non fréquenté une école de cinéma pour entrer dans la carrière, nos huit cinéastes sont porteurs d’une part de l’identité européenne et leurs expériences, très différentes, sont riches d’enseignements.

Chaque documentaire, véritable conversation entre le journaliste et le cinéaste, sera l’occasion de repartir vers les sources de l’œuvre du cinéaste. D’abord en essayant de retrouver ses premières émotions cinématographiques à l’aide d’images d’archives et d’extraits de films. Puis en remontant le fil du premier film : le choix de la première histoire et du premier scénario, le choix des acteurs, l’immersion dans un monde encore inconnu, le premier jour de tournage et les premières images, le premier film, … Autant d’étapes essentielles qui, à travers des exemples et des extraits choisis avec soin, permettent de raconter la genèse d’une œuvre et la mise en place initiale d’un univers artistique.

Certains extraits de films feront l’objet d’un véritable décryptage par le cinéaste lui-même sous la forme d’une leçon de cinéma d’autant plus vivante qu’elle permet de mieux cerner les exigences de la création. Il s’agit de pénétrer dans les arcanes du processus artistique. Tout ou presque se joue alors dans ces premières images. Le premier scénario, la première scène : un cinéaste est en train de naître sous nos yeux. C’est ce moment unique, privilégié et riche de promesses que nous tenterons de retrouver avec le cinéaste. Ces souvenirs et ces évocations permettront de mieux comprendre l’architecture d’un univers alors en construction.


Les cinéastes ainsi décryptés auront accompli avec nous un travail de mémoire qui constituera une véritable « lettre ouverte » destinée aux jeunes cinéastes comme à ceux que passionne l’aventure de la création artistique. Se souvenir pour mieux transmettre, tel est le sens général de cette série documentaire.

Fiche technique

Laurent Delmas. Technicien scénario

Anne Mustelier. Technicien images

Patrick Vincent. Montage image

Cyrille Canson (de). Montage son

Réalisateur :

Laurent Catherine

Date :

2005

Durée :

26

Type :

Court métrage

Thème

Art & Culture

Genre

Documentaire

Numérisé

Non

Numéro unique

AVC-CIN-V2251